La situation éducative au Guatemala


L’ Éducation fondamentale dans le développement humain

Dans la Déclaration du Millénaire, signée en 2000, les Etats membres des Nations Unies reconnaissaient la nécessité de promouvoir le développement et la réduction de la pauvreté dans le monde, spécialement dans les pays les moins avancés. Au cœur des priorités entre autres, l’éducation comme clé de voûte du développement et but de l’Objectif de Développement du Millénaire numéro 2 (ODM 2), s’assurer que tous les enfants puissent terminer un cycle complet d’enseignement.
Depuis 20 ans la scolarité des jeunes guatémaltèques s’est améliorée (de 80% sans éducation en 1989 à 56.8% de nos jours), mais il reste beaucoup de progrès à faire. Elle reste insuffisante pour rompre avec le cycle intergénérationnel de la pauvreté et accéder à une formation et un travail décent. L’analphabétisme total est encore de 18% et touche surtout une population jeune, rurale et indigène conséquence de l’absence d’un modèle adapté aux nécessités de cette population.
(source PNUD/INDH Guatemala 2012)

Le taux net de scolarisation en primaire, à partir de la date de la Déclaration des ODM (2000), présente un accroissement progressif de 85.43 % en 2000, à 98.68 % en 2009, Cependant il y a eu une diminution progressive jusqu’à enregistrer en 2014 un taux de 82.02 % en dessous du taux enregistré en 2000.(source PNUD Guatemala 2016)

Actuellement près de 18 % d’enfants guatémaltèques entre 7 et 12 ans n’ont pas accès à l’éducation formelle en primaire.Au Guatemala avec un développement humain moyen et des retards scolaires historiques, un adulte de 25 ans et plus a en moyenne consacré à sa scolarité seulement 4.1 années (taux le plus bas d’Amérique Centrale, bien qu’actuellement il y ait une évolution chez les sujets plus jeunes), ce qui limite sa compétitivité, son aptitude à vivre sa citoyenneté et renforce l’exclusion sociale dont il peut être l’objet. Les zones rurales où vivent les communautés indigènes sont les plus défavorisées avec un retard de 2.5 années sur les zones urbaines. Les départements les plus touchés où l’on rencontre le plus de jeunes analphabètes sont l’Alta Verapaz, Quiché, Huehuetenango et Guatemala avec dans les 3 premiers une majorité de femmes.

Pourquoi tant de jeunes restent-ils en dehors du système éducatif?

Bien que l’école soit supposée réduire les inégalités, 2.1 millions de jeunes entre 13 et 24 ans ne poursuivent pas leurs études. La pauvreté (63.6 à 73.9%), (travail domestique ou non, migration temporelle, manque d’argent) est la raison principale (63.6 à73.9%) pour laquelle les enfants abandonnent l’école.

Vient ensuite le désintérêt  par manque de pertinence intellectuelle linguistique ou sociale notamment pour les populations rurales indigènes.Enfin, les inscriptions tardives, le dépassement d’âge, l’éloignement des structures d’accueil, l’absentéisme, les redoublements, les pratiques discriminatoires (machisme et racisme), une alimentation carencée sont autant de facteurs aggravants qui nuisent à une scolarité normale.

En primaire (enfants de 7 à 12 ans), 21% des élèves ont plus de 12 ans voire 18 ans ce qui retarde d’autant plus leur entrée au collège et au lycée quand ils en ont la possibilité.

Après le primaire ? quelles sont les chances des jeunes d’accéder aux études supérieures?

Le secteur primaire est financé intégralement par l’État mais l’accès au collège et au lycée reste subordonné aux coopératives d’enseignement (fonctionnement tripartite: Ministère de l’Éducation, commune et parents d’élèves) ou au secteur privé.  L’accès reste donc limité avec seulement 43 % des jeunes entre 13 et 15 ans au basico (collège) et 22.3 % de ceux qui ont entre 16 et 18 ans au diversificado (lycée). Sur 100 étudiants, 13 proviennent du milieu rural et 15 sont d’origine indienne. Lae lycée contribue donc à reproduire les différences sociaux économiques plus qu’à les diminuer.  Sans un programme de bourses financé par un organisme privé ou un travail pour pouvoir payer leurs études les étudiants les plus pauvres sont contraints à l’abandon. Durant les 20 dernières années, le nombre d’étudiants accédant au niveau supérieur a augmenté. Quelques chiffres (ENCOVI 2011) : 15 universités dont 1 publique, 309 000 étudiants de 18 à 30 ans (50% femmes, 50% hommes), majoritairement d’origine urbaine (89.7%), 11.3% d’origine indienne.
*source FRMT: en zone rurale secteur public coût total de la scolarité d’un élève (frais d’inscription,fournitures scolaires, uniforme, chaussures, alimentation, transport….): niveau primaire 600€, niveau collège 980€, niveau lycée 1350€.

La qualité de l’éducation

La qualité de l’éducation laisse aussi beaucoup à désirer. De manière générale le programme scolaire a très peu intégré les valeurs et les savoirs des peuples autochtones et a du mal à se défaire de ses vieilles coutumes discriminatoires. Les infrastructures utilisées aussi bien pour le primaire que pour le collège, notamment dans la zone rurale, sont elles aussi très détériorées, ce qui les rend même dangereuses pour les enfants ; le plus souvent les aires récréatives sont en friche ou à l’abandon faute de moyens pour les entretenir.

La formation des maîtres et des professeurs, les faibles résultats obtenus en fin de collège en mathématiques et en communication et langage, les niveaux de réussite au lycée reflètent les déficiences d’un système qui reste le pays d’Amérique Latine qui investit le moins dans l’éducation de sa population avec seulement 2.8 % du PIB (2014). Il semble difficile de faire de ce secteur une priorité effective pour les gouvernements qui se sont succédés.

Et cette amélioration se reflète dans le niveau d’alphabétisation de la population, qui laisse toujours cependant de grandes zones défavorisées : les régions de populations en majorité indigène.